88                           HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
nèfles de la maison de Bourgogne, puis de la monarchie espagnole. Commandée pour décorer les murailles de la salle où s'assemblait le chapitre de la Toison d'or, elle occupe la place d'honneur, comme on l'a vu, dans les fêtes du mariage de Charles le Téméraire. Elle reparait fréquemment sous les règnes de Charles-Quint et de son fils: Elle se trouvait encore à Bruxelles à la fin du xvuic siècle. On suppose que les Autrichiens, lors de leur retraite, en 1794, em­portèrent cette illustre tenture à Vienne.
Après Bobert Dary et Jean de l'Ortye, s'il convient de signaler une famille nombreuse qui occupa une situation prépondérante parmi les tapissiers tournaisiens de la dernière moitié du x v° siècle, c'est celle des Grenier, nommés aussi Garnier.
Le plus ancien des membres de cette dynastie, Pasquier Grenier, vend au duc de Bourgogne, en 1459, une tenture de l'Histoire d'Alexandre, enrichie d'or, et comprenant, outre le ciel, le dossier, la couverture et les gouttières, sept tapis de muraille. Le prix donne une idée de la magnificence de cette œuvre; elle ne coûta pas moins de 5,000 écus d'or. On la voit toujours citée parmi les pièces les plus précieuses du trésor de la maison de Bourgogne. Nous en avons déjà parlé plus haut.
Le même Pasquier Crenier cède encore à Philippe le Bon, en 1461, six tapisseries de la Passion de Notre-Seigneur, au prix de 4,000 écus d'or. Cette tenture décorait, comme on l'a dit, la chapelle ducale lors du mariage de Charles le Téméraire.
Nouvelle livraison d'une chambre én neuf pièces, avec person­nages de bûcherons et de paysans, mesurant trois cent cinquante aunes, dans le cours de la même année. L'activité de l'habile ta­pissier ne se ralentit pas lès années suivantes. U fournit à son puissant client treize pièces de tapisseries en 1462; une tenture de l'Histoire d'Assuérus ct d'Esther, en six panneaux, probablement celle qui parait aux noces du Téméraire, et une autre de l'Histoire dit, chevalier du Cygne, en trois tableaux, faisaient partie de ce marché. Puis c'est, en 1466, la livraison de deux chambres com­plètes, l'une « d'orangers », l'autre « de bûcherons », que le duc destinait à sa sœur et à sa nièce.
Le magistrat du Franc de Bruges, voulant offrir à Charles le Té­méraire un présent digne de ce prince, s'adresse à Pasquier Gre­nier et lui achète, en 1472, une tenture de la Destruction de Troie. Dé ce fait on peut conclure que les productions des ateliers de